50 questions
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Aimer qu'est-ce que c'est ?

C’est génial ! Comment vivre sans être aimé ? Et sans aimer ? Mais gare au toc. Le reflet n’est pas la lumière, le miroir n’est pas le visage. La femme de ma vie n’est pas la femme d’un instant. Se contenter de peu en amour, ce n’est pas connaître l’amour.

Parmi beaucoup de façons d’aimer, il y a l’amitié, l’amour des parents pour leurs enfants, l’amour de dévouement. L’amour exclusif d’une femme et d’un homme qui s’unissent par le mariage. L’amour qui nous saisit pour le bien ultime.

Pour trouver la vérité de l’amour entre un homme et une femme, première question : qu’est-ce qui en lui, en elle, exerce sur moi cette attraction ?

• Est-ce l’utilité ou les services qu’il peut me rendre ?
• Est-ce le plaisir (quel qu’il soit) que j’éprouve auprès de lui ou que nous pouvons partager ensemble ?
• Est-ce les sentiments que j’éprouve à son égard ?

Une relation ainsi fondée, on le sent bien, serait imparfaite : l’autre tend à y être réduit à un objet. Il est un moyen pour moi. Paradoxalement, c’est en fait vers moi que je suis tourné…

Aimer vraiment, c’est aimer l’autre pour lui-même. Un amour profond, c’est d’abord être attiré par l’autre de telle manière que je désire son bonheur. Je ne l’aime pas seulement pour ce qu’il peut m’apporter, mais je l’aime en premier lieu parce que c’est lui (ou elle). A plus forte raison, dans une telle relation, les deux personnes seront susceptibles d’éprouver des sentiments, du plaisir ou de se rendre mutuellement service. Mais ce qui fonde la relation, c’est la personne elle-même, au-delà de ses qualités ou défauts apparents.

Aimer, cela implique donc de ma part un choix libre : c’est décider d’aimer l’autre, de me tourner librement et résolument vers lui. On ne peut véritablement aimer sans un certain don de notre liberté à l’autre. Cette décision suppose d’être réciproque, car c’est la condition de la relation. Ainsi chercher le bonheur de celui ou celle qui m’aime, c’est contribuer à mon propre bonheur. Tel est l’amour, don mutuel et libre.

Bien sûr, cela n’est pas toujours facile pour autant. Nous sommes tous soumis aux changements d’humeur, à la routine de la vie quotidienne, aux épreuves qui peuvent subvenir, à notre égoïsme aussi. L’amour est fragile… Est-ce que je l’aimerai encore dans vingt ans ? Suis-je capable de supporter tel ou tel de ses défauts ? L’amour est-il possible pour la vie ? Dans l’épreuve, la maladie ?

En réalité, si notre relation s’enracine dans une décision libre et réciproque, elle peut grandir. Car l’amour, cela n’est pas donné une fois pour toutes. Méfions-nous du “coup de foudre” qui, même s’il est exaltant, n’est en définitive qu’une émotion très forte qui ne manifeste pas forcément un amour profond.

Si l’amour est une relation personnelle, alors il se construit et s’approfondit avec le temps et dans une confiance de plus en plus grande l’un pour l’autre. Cela s’entretient, se renouvelle au jour le jour à travers des gestes et des attitudes qui manifestent à l’autre la place privilégiée qu’il occupe dans notre vie. Et les événements, les épreuves ou les joies partagées peuvent ainsi contribuer à une intimité de plus en plus grande, dans la mesure où, par-delà les difficultés, nous nous tournons l’un vers l’autre.

L’amour n’est donc pas simple fusion de deux personnes, mais don mutuel de deux êtres libres avec tout ce qu’ils sont : corps, cœur et esprit, ainsi que ce bien très précieux qu’est notre vie. La logique de l’amour, c’est d’aspirer à un don définitif. Seule une décision réciproque et pour la vie permet à l’amour humain d’atteindre un certain absolu et est susceptible de combler notre cœur.

Pour le chrétien, la source et le modèle de tout amour, c’est Dieu. Il est l'amour au-delà de tout amour, réussi ou malheureux. Il nous aime avant que nous n’aimions et il nous aime encore quand nous ne sommes plus aimés. N'est-il pas ce bien ultime que nous cherchons ?

 

Témoignage

A douze ans, l’adolescence a été pour moi comme un raz de marée. Bouleversée intérieurement par des tensions nouvelles très fortes — désir sexuel, recherche de moi-même dans le regard des autres, besoin de paraître adulte, etc. — j’ai été aussi confrontée en camp de jeunes à une conception de l’amour (relations garçons-filles, pornographie…) que je ne connaissais pas dans ma famille, très sobre sur le sujet. Ce cocktail m’a complètement destructurée. J’ai commencé à appeler BIEN ce qui auparavant me semblait MAL. Inversion des valeurs qui m’a permis, en vrac, de vivre des expériences sexuelles diverses et variées, d’abandonner mes projets d’études, de trahir la confiance de mes parents, de faire l’expérience de la drogue et de l’alcool, etc. Je vivais alors selon deux principes :

— plus je vivrai d’expériences, plus ma vie sera intéressante,

— tout, tout de suite.

J’ai été stoppée dans ma course étourdissante par une aventure qui a très mal tourné, quand, partie pour m’amuser, je me suis trouvée en face d’une bande de gars qui eux ne rigolaient pas et qui voulaient régler son compte à une petite minette inconséquente.

Première traversée du désert, fracture, dégoût de moi et des autres.

La phase suivante, à partir de 16 ans, a consisté en une recherche de l’amour de plus en plus profonde, mais aussi biaisée. Etre aimée, tout faire pour cela. Aimer aussi, mais en me faisant piéger très vite par le mélange des sentiments (amitié/attirance), et toujours le “tout tout de suite” et “rien demain”. Au total, un champ de ruines, souvenir d’amitiés désagrégées, de grand amour tournant en eau de boudin, de beaux principes qui ne tiennent pas la route…

Deuxième rupture intérieure, deuxième traversée du désert. Un désert sans Dieu, car je ne me sentais concernée en rien par la question de Dieu, la spiritualité, ou une quelconque inquiétude métaphysique. Un dossier classé avant d’avoir été ouvert.

Pourtant, j’avais au fond de moi, depuis toujours, un grand désir d’aimer et de vivre un grand amour, définitif et radical. Mais qu’est-ce que j’en faisais ? Et comment faire ?

Christine


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