" Nazareth", récit du voyage.

" La montagne des Béatitudes", récit du voyage.

" Le Tombeau Vide", récit du voyage.

Nazareth, le 25 mars 2.000


A Nazareth , tôt ce matin les cloches résonnent et les enfants courent dans les ruelles en criant " John Paul two, we love you ! ". Grande fête à Nazaret pour le 2.000ème anniversaire de l’Incarnation du Fils de Dieu que les Chrétiens célèbrent avec le Pape. Dans la basilique de Nazareth, où je me suis glissé en portant des chaises, tous sont chrétiens du pays, Latins, Grecs Melchites, Grecs Orthodoxes. Mais bien peu de ces Chrétiens du pays ont pu entrer. Sur les galeries extérieures, beaucoup de chaises restent inoccupées, rançon des difficultés politiques dans cet Israël où les Arabes n’ont pas la vie facile. Il n’ a pas été possible de faire une messe en plein air, et je suis ému en voyant tous ces humbles à qui l’on refuse l’entrée de l’enceinte.

Le Pape entre dans la basilique par l’étage inférieur et se recueille devant la grotte de l’Annonciation, ces restes d’une habitation à moitié creusée dans la roche comme beaucoup de maisons de Nazareth du premier siècle. Ce sont des restes de constructions postérieures, paléo chrétiennes et byzantines, qui donnent à penser que ce lieu a été dès les premiers siècles considéré comme le souvenir de l’annonce faite à Marie. Ici dans le sein de la Vierge le Fils de Dieu a commencé son existence terrestre, et comme il le fera de façon plus visible neuf mois après à Bethléem, Dieu est entré dans l’histoire des hommes. " Pour nous et pour notre salut " il s’est incarné, " prenant la chair de notre chair, lui la source de la lumière ".

La messe de Nazareth porte pour moi les signes profonds et joyeux de ce mystère. Admirable chorale qui chante tantôt en arabe et tantôt en latin , assemblée priante, et participante quand les chants et les prières sont dans sa langue. Témoignage de la présence des Eglises orientales. Et comme toujours la vigoureuse présence du vieux Pape qui use jusqu’au bout son énergie à proclamer la vérité de l’Evangile.

Il rappelle d’abord que St Luc, l’évangéliste, " a situé clairement l’événement dans le temps et dans l’espace ". Il montre Marie "la plus authentique fille d’Abraham ", et évoque le dialogue entre le Père et le Fils tel que nous le révèle l’Epître aux Hébreux : " Tu ne voulais ni holocauste ni sacrifice, mais tu m’as façonné un corps, tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. Alors j’ai dit : voici je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté " ( 10, 5-7). Ainsi l’Emmanuel, Dieu avec nous, est venu habiter parmi nous. Mettant l’accent sur la foi d’Abraham qui trouve en Marie son accomplissement, Jean Paul II prie la Vierge du " Fiat " pour " un profond renouvellement de la foi des Chrétiens ".

Tandis que le Pape retourne en héliocptère à Jérusalem, où doit avoir lieu la rencontre le soir avec des représentants des trois religions, juive, Chrétienne et Musulmane, nous visitons " la maison du Juste ". Ce sont des restes d’habitation et d’environnement citadin du premier siècle, où il est possible que le Juste Joseph ait habité. Là encore, dans ces restes qui se datent aisément du début de la période romaine, et qui ont été découverts par hasard au siècle dernier on voit que l’histoire est bien du côté des Evangiles. Marie, la mère de Jésus a vécu là ; de là elle a suivi la prédication de l’Evangile. Et c’est là que le Pape de l’an 2.000 l’a priée pour la famille et pour l’évangélisation de tous les hommes.


Le Mont de Béatitudes, 24 mars 2000.

Cent cinquante mille personnes sont rassemblées au flanc du Mont des Béatitudes. En contrebas, et s’étendant loin vers le sud, le lac de Galilée. C’est ici selon la tradition que Jésus a promis aux gens qui étaient montés à sa suite pour l’écouter de devenir " bienheureux ". Ce message que les apôtres nous ont transmis et dont ils ont témoigné jusqu’à la mort, c’es ici qu’ils l’ont entendu. Aujourd’hui , Pierre est là à nouveau pour proclamer les paroles de son Divin Maître, enseigner aux hommes le chemin du bonheur véritable.

Le plus grand rassemblement du voyage du Pape en Terre Sainte a réuni là des dizaines de milliers de Palestiniens et autant de Chrétiens de tous pays. Difficile d’évaluer le nombre, mais je l’estime à une fois et demie le Rassemblement de Ste Anne d’Auray en 1996. Après cinq heures d’attente pour la foule entrée depuis cinq heures du matin , je vois encore monter du lac de longues files de jeunes qui ont du camper dans la nature. La veille au soir et pendant la nuit il pleuvait à torrents. Aujoud’hui, entre le vent et les nuages on voit le soleil arriver comme un sourire de Dieu. Je suis arrivé avec un petit groupe de la Cté Emmanuel. On rencontre aussi bien sûr une délégation de la Cté des Béatitudes, deux témoins de France parmi beaucoup d’autres présents, de ces Communautés nouvelles que la force de l’Evangile a suscitées au dernier quart du XXème siècle.

L’immense terrain où nous sommes est par endroit une boue où l’on craint de perdre ses chaussures, cette fois nous ne secouerons pas la " poussière de nos souliers ", parce que la terre colle… et que tout le monde écoute avec foi l’Evangile qui annonce " heureux les humbles ".

Ils sont là les humbles, surtout des Arabes venus en famille de Galilée et de toutes les Chrétientés du pays, et des jeunes du Néo-Catéchuménat venus de nombreux pays (50.000 jeunes), dont une française, convertie en Afrique alors qu’elle servait les pauvres avec Fidesco, un organisme de coopération catholique. Sa marraine est elle aussi une jeune coopérante qui s’est dévouée pendant deux ans dans cet organisme au service des handicapés en Côte d’Ivoire, mettant en œuvre précisément l’appel de Jésus à être miséricordieux, lancé ici il y a 1970 ans.

Il y a quelques jours , sur un forum francophone " socio-religieux ", un intervenant parlait de " deux mille ans d’échecs du Christianisme ". Ces jeunes témoignent que les paroles de Jésus prononcées ici ont bien traversé tous les siècles jusqu’à nous, répétées fidèlement et suscitant d’un bout du monde à l’autre la générosité des " pauvres de cœur ". Hier, le successeur de Pierre demandait pardon pour les fautes des Chrétiens. Aujourd’hui, sur la Montagne des Béatitudes il lance aux Jeunes du Troisième Millénaire le défi du Royaume de Dieu.

Jésus est-il historique ? demandent des jeunes sur les Forums internet. Des émissions de télévision nous promènent de doute en doute. Mais ici au bord du Lac de Tibériade c’est tout le paysage, les ruines, les images employées par Jésus qui témoignent avec les Apôtres. Ils parlent puissamment à notre intelligence, mais aussi à notre cœur, nous qui avons rencontré Jésus et qui l’aimons. Les pierres elles mêmes se lèvent pour crier la réalité du Sauveur dans les chemins que ses pas ont parcourus, et les fleurs des champs justes écloses en ce matin de mars à Korazin sur la montagne proclament encore " qu’elles ne filent ni ne tissent " pour se revêtir de la beauté que leur a donné le Créateur, " votre Père qui est dans les cieux ".


Le Saint Sépulcre, 26 mars 2.000

Du Saint Sépulcre, Jean Paul II lance un appel à tous les baptisés à " annoncer le point essentiel de l’Evangile ", dire à tous que " Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que tous ceux qui croient en lui ne périssent pas, mais qu’ils aient la vie éternelle. "

" Il ne faut pas séparer la Résurrection de la Croix ", mais il ne faut pas séparer la Croix de la Résurrection. Le tombeau vide est le témoin silencieux et bientôt deux fois millénaire de cette mort, et de cette résurrection du Christ, dans lesquelles nous entrons par le Baptême. Ainsi nous nous recevons cette nouvelle vie qui est déjà la vie éternelle.

Cet envoi en évangélisation de tous les baptisés, Jean Paul II le donne avec force, comme le message ultime de son pèlerinage.

Quelques instants plus tard il s’arrête épuisé au seuil du Patriarcat latin pour prier, écourtant la réunion prévue.
Je le vois passer dans la vieille ville de Jérusalem. Il a accompli le premier désir de son Pontificat plus de vingt ans après être monté sur le siège de Pierre. Le soleil est revenu sur la Ville de la Paix, et comme répondant par avance à ce message de mission universelle, ils sont là venus des extrémités du monde : Palestiniens et Israéliens, Australiens, Philippins, Espagnols, Ivoiriens, Français, Mexicains, et même des habitants de Mongolie extérieure. Sur le Mont des Oliviers les cloches sonnent le carillon de la Résurrection.

 

 

Discours du Pape pendant son pélerinage en terre sainte:

> http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/travels/sub_index/trav_holyland-2000.htm


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